décembre 2008

Publié le par thierry

Dernière mise à jour : le 28/12/2008
Judo : évolution des règles de saisie

De nouvelles règles plus offensives seront appliquées ce week-end, à Levallois, lors des championnats du monde toutes catégories.


Le judo est en pleine rénovation. Pour sa propre survie. Depuis 2004, la fédération française, entre autres, se bat pour faire transformer les règles de base afin que le judo redevienne un combat. Qu’il retrouve son identité, celle d’un sport où l’on utilise la force de l’adversaire pour le faire tomber, à la différence de la lutte où c’est la force pure qui prime. Lasses des ramassements de jambes et autres techniques également empruntées à la lutte, les instances internationales ont écouté les divers cris d’alarmes, dont celui de Jean-Luc Rougé, président de la fédération française, soutenu par les Japonais. Le principe est simple : rendre les tournois plus spectaculaires. Pour le public, les télévisions, et aussi les sponsors.

 

«Pantalons». Un nouveau règlement a été imaginé. Il a été appliqué en octobre, à Bangkok, lors des championnats du monde juniors. Puis le week-end dernier au Japon, lors de la Coupe Kano, l’un des plus importants tournois mondiaux. Ce sera aussi le cas ce week-end à Levallois (Hauts-de-Seine) pour les premiers championnats du monde toutes catégories.

Aux Jeux d’Athènes, beaucoup se sont plaints de la baisse de niveau. La France se met alors en avant et produit une vidéo qu’elle distribue aux instances du judo international pour montrer combien ce sport avait perdu de son identité. Car le judo s’est transformé au rythme de la géopolitique. Il y a d’abord eu l’éclatement de l’URSS en 15 républiques. «Quinze gars très physiques sont arrivés d’un coup sur le tapis. Tout était dans le travail en force», explique Brigitte Deydier, directrice technique nationale. Les judokas français, qui se confrontaient à ces nouveaux combattants lors des championnats d’Europe, ont pris de plein fouet cette dérive du judo. Les Japonais, eux, ont mesuré l’ampleur du danger quand, le judo étant devenu si monotone, leurs télévisions ont hésité à retransmettre cette même Coupe Kano.

«Voir deux gars à quatre pattes qui essaient de se tirer le pantalon n’a rien d’intéressant pour personne, affirme Patrick Vial, arbitre international. Les combattants se contentaient souvent de marquer un koka [la plus faible des valeurs, ndlr] et de tenir ce maigre avantage jusqu’au bout. En supprimant le koka, on va dans le bon sens. On retrouve un judo à risques, engagé et plus ouvert.» Des quatre valeurs (koka, yuko, waza-ari, ippon), exit donc le koka. Désormais, il faudra combattre plus droit et aller chercher un yuko pour marquer. «La première pénalité sera gratuite, mais la deuxième, ce sera un yuko direct, continue Vial. Au bout de trois, vous êtes dehors !»

L’autre modification concerne l’organisation des tournois. A Paris, Rio, Moscou et en Coupe Kano, c’est la fin des repêchages et l’instauration des têtes de séries (16 sur 32), comme dans un tournoi de tennis. Désormais il ne suffira plus de lever le pied contre un favori pour avoir plus de chance d’être repêché. Il faudra se battre dès le premier tour, comme si c’était le dernier. «Cela devrait intensifier les combats», assure Brigitte Deydier. Certains favoris risquent maintenant de faire le voyage pour un seul combat.

Kimonos. Enfin, un autre changement concerne la taille des kimonos : ils seront plus amples, de façon à favoriser la technique plutôt que la force. Toujours l’obsession de rendre le judo plus spectaculaire. «Le sport est un monde de concurrence, poursuit Deydier. D’où la nécessité d’améliorer le côté spectacle.»

 

 

Des Mondiaux new-look

Dissociés pour la première fois des Mondiaux traditionnels, les championnats du monde toutes catégories (masculins et féminins) organisés le week-end du 20 et 21 décembre 2008 par la ville de Levallois sous l’égide de la fédération internationale vont remodeler le schéma classique des compétitions de judo. Chaque pays pourra notamment engager deux combattant(e)s - hors champions du monde et olympiques ; la France, organisatrice, aura quatre représentants et autant de représentantes. La compétition se déroulera sur deux jours : les judokas s’affronteront, sur un tatami unique, selon un principe d’élimination directe (sans repêchage), dans un tableau de 32 avec têtes de série. Autre innovation, la dotation : les médaillés se partageront 100 000 dollars (72 000 euros). C’est rare dans le judo.

 

Judo: Riner champion du monde toutes catégories

LEVALLOIS-PERRET (AFP) — Teddy Riner, champion du monde des +100 kg, "seulement" médaillé de bronze lors des derniers jeux Olympiques, est redevenu maître au royaume des lourds grâce à sa victoire dimanche en finale du Championnat du monde toutes catégories, à Levallois-Perret.

Mieux, quatre mois avant ses 20 ans et son passage officiel chez les seniors, le Guadeloupéen a dominé une compétition bien plus relevée que les Mondiaux classiques ou le tournoi olympique: "Les meilleures nations ont deux à trois représentants (contre un d'habitude, ndlr). Il y a ici les meilleurs et rien que les meilleurs", jugeait le nouveau champion, sans forfanterie.

En deux jours et cinq combats, jamais Riner n'a semblé vraiment inquiété. Samedi, il a bouclé ses deux premiers tours en 2 min 38 au total, avant de se montrer aussi expéditif dimanche pour son quart contre le Néerlandais Grim Vuijsters.

Les choses se sont compliquées en demi, où un contre du Polonais Gregor Eitel lui a fait prendre conscience qu'"il ne (fallait) pas faire deux fois la même connerie."

En finale, face à l'expérimenté russe Alexander Mikhaylin, champion du monde des lourds en 2001 et 2005, le tenant du titre s'imposait sans faire le spectacle, "assurant" le titre pour sa première compétition en toutes catégories qui lui rapporte la jolie somme de 25.000 dollars.

Déçu à Pékin puis titré pour la deuxième fois consécutive chez les juniors à Bangkok en octobre, Riner finit donc l'année en fanfare, au rythme d'une nouvelle Marseillaise, la quatrième de sa jeune carrière, entendue sur le podium en compagnie de Matthieu Bataille, valeureux médaillé de bronze malgré une blessure à la cheville gauche.

"Je ne sais pas si je redeviens le patron", hésitait pourtant Riner, qui n'aura plus à souffrir en 2009 de la rivalité du champion olympique des lourds, le Japonais Ishii, passé chez les professionnels après Pékin.

Chez les dames, la Chinoise Tong Wen ne s'est pas loupée. Grande favorite, la championne olympique a expédié en finale la Russe Elena Ivashenko en une grosse minute.

Les Japonais eux, font grise mine avec deux médailles de bronze chez les dames et des messieurs bredouilles.

Inquiets a priori de l'intérêt d'une épreuve dissociée pour la première fois des Mondiaux classiques, les autorités du judo peuvent se rassurer. Les Mondiaux TC et la quête du "titre suprême" ont donné lieu à deux jours très spectaculaires, avec des combats rapides, favorisés par de nouvelles règles plus propices à l'attaque, et une plus grande lisibilité avec une formule par tableau, à élimination directe.

 

 

Bataille s'offre une médaille en guise de cadeau de Noël

 

Sa cote n'était sans doute pas la plus courue mais, ce week-end, à l'occasion de championnats du monde toutes catégories flamboyants, Matthieu Bataille a su déjouer les pièges posés devant lui, pour grimper sur le podium. Au courage, il est allé chercher un bronze planétaire auquel le Cucquois avait à peine rêvé. Épatant.

Les images, même furtives, de la cérémonie de remise des médailles en atteste largement. Sourire large comme ses robustes épaules, Matthieu Bataille est là, et bien là. Calé sur la troisième marche d'un podium qu'il croyait presque inaccessible, tant le plateau était relevé. C'est pourtant lui qui trône, médaille de bronze autour du cou, aux côtés du roi Teddy Riner et de son dauphin le monstrueux russe Mikhaylin, fier de son destin, heureux comme un gamin. «  C'est énorme, tout simplement énorme. J'arrive à peine à y croire, faire troisième des "mondes" ! Je suis plus qu'heureux », balançait le colosse cucquois à peine redescendu sur terre.

Il faut dire que le défi relevé par un Matthieu Bataille à court de judo de haut niveau, confronté aux mastodontes du judo mondial, pour la plupart sur leur lancée de Pékin, relevait presque de la folie. Le Cucquois avait d'ailleurs prévenu qu'il (re) venait à la compétition sans pression, qu'il prenait ce rendez-vous comme une chance. Tant mieux, celle-ci semble être passée par Levallois, son fief, en lui épargnant un premier tour de folie. même si ce n'était pas gagné face à un judoka espagnol qui n'avait rien à perdre.

«  Ce premier tour, je le redoutais, car en face il y avait trente kilos de plus et à ce niveau ça n'est jamais simple et je n'avais pas trop confiance en moi. Cela m'a permis de bien entrer dans la compétition. » Un combat en forme de déclic, qui le propulsa au fil des tours à un second jour de compétition quasi inespéré. «  Je savais qu'en accédant au quart, j'avais déjà fait quelque chose de bien, mais qu'en battant Pierre Robin, je faisais une médaille. J'ai tout donné. Je me suis arraché pour aller la chercher. » Explosif, malicieux face à son équipier tricolore, Matthieu Bataille s'en sortit comme un grand, mais blessé, cheville en vrac, il ne put en découdre de manière convenable face au russe Mikhaylin en demi-finale. «  Sur deux jambes cela aurait été dur, alors sur une ! » Mais au fond qu'importe, la breloque de bronze autour du cou, lui convenait à merveille. Matthieu Bataille venait de s'offrir son plus beau des Noël, un peu avant l'heure.

 

 

 

Judo: Frédérique Jossinet a fait le deuil de Pékin

REUTERS | 27.12.2008 | 11:42

 

COURCHEVEL (Savoie) (Reuters) - Éliminée au premier tour des Jeux olympiques après seulement 25 secondes de combat, la judoka Frédérique Jossinet, 33 ans, entend rebondir après avoir fait le "deuil" de son échec à Pékin.

La seule médaillée olympique du judo français en 2004 - elle avait alors décroché l'argent en moins de 48 kg - espère aller chercher une médaille aux prochains championnats du monde 2009, qui seront sans doute les derniers de sa carrière.

A l'occasion de la 11e Semaine olympique rassemblant les médaillés français de la saison, la vice-championne du monde de 2003 et 2005 s'est confiée à Reuters.

Reuters: Qu'avez-vous ressenti au moment de votre élimination au premier tour contre la Kazakh Kelbet Nurgazina?

Frédérique Jossinet: Le grand vide. Le néant. Rien. L'incompréhension. Physiquement, vide. Psychologiquement, ailleurs. En fait, je n'arrivais absolument pas à exprimer quelque chose: à pousser un cri, à sortir une larme, à dire un mot. Je voyais bien qu'on me parlait mais je n'entendais rien. C'était le trou noir, la traversée du désert. J'étais assommée, je ne visualisais rien.

Reuters: Et cela a duré?

F.J.: Jusqu'à minuit. Après, je suis entrée dans la phase de déception et les premières larmes sont sorties. J'étais au village olympique, sur le balcon de ma chambre. Là, j'ai eu honte. J'étais une des leaders de l'équipe de France de judo, une des leaders de l'équipe de France olympique et je n'avais pas assuré. Face à cette réalité a commencé une période de deuil puis d'accompagnement.

Reuters: De deuil?

F.J.: Dans les trois ou quatre jours suivant ma boulette, j'étais en colère. Mais je suis quand même allée soutenir les autres, je me suis forcée à me montrer. Puis pendant un mois, je me suis remise en question. J'ai eu envie d'arrêter ma carrière. Durant cette période, j'ai eu l'impression de vivre un deuil, le deuil de ne pas avoir fait de médaille. Mais en ratant les seconds Jeux de ma carrière, j'ai trouvé l'amour en échange.

Reuters: L'amour de qui?

F.J.: De l'amour, de l'amitié, le soutien moral de mes proches, d'anciens judokas, d'autres sportifs notamment de leaders qui s'étaient plantés comme moi, d'étudiants de l'ESSEC, de personnes que je n'avais pas vues depuis des années parce que je ne prenais plus le temps de m'arrêter. Cette énorme vague d'amour et d'amitié m'a maintenu la tête hors de l'eau, m'a aidé à remonter la pente, m'a portée et aidé à trouver mon nouveau chemin.

Reuters: Avez-vous identifié la raison de votre "boulette"?

F.J.: Une faute de concentration. A trop vouloir bien faire je suis passée à côté, sans doute pas concentrée sur ce qu'il fallait à l'instant où il le fallait. Mais, c'est UNE boulette dans ma vie. Elle n'est pas représentative de MA vie. Elle ne doit pas l'être. Je ne dois pas lâcher dessus. Je dois rebondir. Je vais rebondir. Début novembre, je suis revenue sur le tatami. J'ai alors compris que j'aimais encore le judo.

Reuters: Que vous a apporté cette "boulette"?

F.J.: C'est comme une médaille de la maturité et de l'apprentissage. Elle m'a fait grandir, devenir sereine, plus heureuse. Bref plus légère. Avant, j'étais seulement une athlète de haut niveau, parfois pas très chouette, trop souvent tournée sur elle-même, trop le nez dans le guidon. Maintenant, je suis quelqu'un de complet: épanouie dans ma vie de femme et de sportive. Je n'ai plus envie d'être égoïste mais tournée vers les autres. Maintenant, je n'ai plus rien à prouver. Ce que je vais vivre sur le tatami sera du bonus !

 


Publié dans Journal Judo

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article