Le goût de l’effort
Qu'est-ce que le goût de l'effort ?
C’est l’habitude, puis finalement le plaisir que l’on prend à fournir un effort gratuit.
Un effort gratuit, c’est un travail qui n’a rien d’obligatoire. D’une manière générale, faire du sport est un effort gratuit. En effet, je pourrais rester bien au chaud à la maison à lire une bande dessinée plutôt que d’aller faire un footing en plein hiver pour améliorer mon endurance. Je pourrais rester au lit tous les samedis matins jusqu’à 10h00 au lieu de me lever plus tôt pour aller à mon cours de judo préféré…
Le goût de l’effort, c’est trouver anormal de ne rien faire, de ne pas chercher à progresser.
Une fois les bonnes habitudes prises, il nous apparaît étrange voire anormal de se complaire dans l’inactivité. Les termes même qui désignent l’inactivité (glander, larver, traîner, faire télé patate…) ne sont guère valorisants ! Le repos est nécessaire certes, mais il faut le limiter au juste besoin, après cela devient de la fainéantise, de la paresse.
Le seul but de l’effort gratuit est de se sentir bien.
Au final, cet effort n’est donc pas si gratuit que cela ! Le bien être n’a pas de prix… Je fournis des efforts afin de m’améliorer, afin de devenir plus résistant, plus rapide, afin d’améliorer aussi bien mes capacités techniques que tactiques et physiques, afin de me forger un moral d’acier. Et plus je progresse, mieux je me sens et plus j’ai envie de progresser…
Le cercle vertueux de l’effort : 
Le plaisir tiré d’une réussite est en soit une motivation généralement suffisante pour continuer à vouloir progresser.
La mauvaise expérience :
Suite à un échec, il faut rester fort mentalement pour aller chercher les ressources nécessaires pour comprendre et surtout accepter les causes de l’échec. Il faut définir une nouvelle voie de progrès où l’effort fourni précédemment n’est pas perdu. Les spécialistes parlent de la résilience (savoir rebondir sur un échec).
Je dois gérer mes efforts.
Pour gérer cette progression et ne pas être désespéré devant l’immense tâche à accomplir (plus j’avance et plus je m’aperçois que le but ultime est éloigné) j’insère des jalons dans la progression. Ces jalons peuvent m’être proposés, comme les passages de grade au judo par exemple, ou bien ils peuvent être inventés en fonction de mes propres aspirations (par exemple, je serai commissaire sportif au sein de mon club ou bien je pourrai enchaîner quatre randoris de sept minutes en étant toujours vaillant).
Le goût de l’effort est une émulation personnelle au contact de mes partenaires du club. Mon professeur peut également m’aider dans cette voie en me félicitant lorsque cela est nécessaire ou au contraire en me rappelant mes engagements en tant que judoka.
Pour faciliter ce travail d’émulation, il est possible de passer par des phases ludiques (ceci est valable à tout âge) ainsi que par du travail vraiment posé où les objectifs sont explicitement exposés. Le professeur veillera à féliciter les réussites et les progrès mais attention à ne pas tomber dans la démagogie : les enfants sont heureux d’être félicités, mais l’être à toutes occasions perdrait toute sa valeur.
Le goût de l’effort se construit par le travail physique d’une part mais également par les décisions faisant suite à la réflexion.
Un carnet de route, un livre personnel ou encore un cahier de progression sont les outils idéaux pour ne pas oublier les bonnes résolutions. Les écrits restent, même des années durant ! J’y inscris mes buts (ils doivent être clairs et réalistes) et au fur et à mesure de ma progression j’y ajoute mes remarques personnelles comme les difficultés rencontrées, mes joies, mes douleurs. J’adapte mes objectifs à la situation… Plus tard à la relecture du suivi de mes premières années, en voyant les épreuves surmontées je retrouve la volonté qui parfois peut me faire défaut et j’en viens même à sourire des capacités acquises qui aujourd’hui me semblent naturelles alors qu’à l’époque je m’en faisais toute une montagne.
| Exemples d’objectifs (chacun fait ce qu’il veut) | |
| Ceinture blanche | - Reconnaître toutes les techniques liées à mon grade ; |
| Ceinture jaune | - Savoir exécuter toutes les techniques liées à mon grade ; - Être un bon Uke : je résiste ni trop, ni trop peu, je reste droit et je chute sans crainte ; |
| Ceinture orange | - Attaquer dans toutes les directions ; - Effectuer systématiquement les liaisons debout-sol ; |
| Ceinture bleue | - Aller avec plaisir aux compétitions et s’y donner à fond ; |
| Ceinture marron | - En plus des cours de judo, faire du travail foncier (course à pieds, fractionnés, pompes/abdos, natation…) ; - Travailler les katas qui sont pour moi une voie importante de progression ; |
| Ceinture noire | - progresser en trouvant l’aisance tant technique qu’intellectuelle. |
Le goût de l’effort c’est un état d’esprit permanent.
Mais attention, le corps et l’esprit ont besoin de repos de temps en temps. Il faut donc acquérir une hygiène de vie : une bonne alimentation, des périodes d’effort agrémentées de périodes de relâchement, du travail très technique alterné avec des instants ludiques. Bien sûr, si je fournis beaucoup d’effort physique je ne dois pas négliger mes périodes de sommeil qui sont essentielles pour me fortifier.
Merci à Sylvain (spécialiste du télé patate) pour m'avoir aidé à écrire cet article en m'apportant sa grande expérience.
Si vous avez des remarques ou des questions, laissez-moi un commentaire ci dessous.
Sportivement,
Thierry.